Le MR ne tire aucune leçon du Kazakhgate !

source: lalibre.be
source: lalibre.be

 Après 16 mois de travaux et près de 60 réunions, la Commission Kazakhgate a conclu ses travaux sans obtenir de consensus. Eric Massin, premier rapporteur de la commission, regrette ce qu’il considère comme un atterrissage raté : « tout ça pour ça… la majorité, poussée dans le dos par le MR, préfère minimiser les faits et refuse de tirer les vraies leçons du Kazakhgate. Résultat des courses : la majorité nous propose des conclusions molles qui ne tirent pas les vraies leçons de cette affaire d’Etat. »

 

En effet, pour le député socialiste, les conclusions du rapport ne sont pas à la hauteur de la gravité des faits constatés lors des travaux de la commission d’enquête : « des collaborateurs de l’ancien Président français Nicolas Sarkozy se sont permis, en 2011, d’intervenir de façon officieuse afin de libérer trois oligarques liés au pouvoir kazakh de leurs ennuis judiciaires en Belgique. Cela s’appelle de l’ingérence et c’est inacceptable. Nous demandions que la Commission condamne ces actes sans ambigüité ce que la majorité n’a pas fait. »

 

Pour Eric Massin, il y a plus grave encore : « la complicité de l’ancien président MR du Sénat, Armand De Decker, a été clairement démontrée. Fort du prestige lié à son ancienne fonction, Mr De Decker a en effet préféré (se servir et) servir les intérêts financiers de la France de Sarkozy plutôt que de préserver l’indépendance de la Justice de son propre pays. Imaginons un seul instant que le gouvernement belge recrute discrètement un ancien président d’assemblée français pour intervenir dans une affaire traitée par la justice française : l’indignation aurait – avec raison – été totale dans l’hexagone ! »

 

Pour le député PS, cette ingérence de l’ancien gouvernement français ne peut rester sans réaction de la part du ministre des affaires étrangères : « pour que de tels faits ne puissent se reproduire, Monsieur Reynders devrait - à tout le moins -  rencontrer son homologue français et lui signifier que la Belgique n’accepte pas ce genre d’intervention dans ses affaires intérieures. »

 

La commission d’enquête a également mis en lumière une faiblesse importante de notre modèle démocratique, mais que la majorité n’a pas jugé utile de prendre en compte dans ses conclusions : « notre démocratie est beaucoup trop perméable aux influences exercées par les lobbies » souligne la députée PS Karine Lalieux, « quand on analyse la genèse de la loi relative à la transaction pénale, on constate que le secteur des diamantaires anversois a mené un lobby intense auprès des partis politiques néerlandophones, du parquet d’Anvers, mais aussi auprès des ministres de la justice Vandeurzen et De Clerck. Dans une démocratie moderne, il n’est pas acceptable que des lobbies disposant de moyens financiers importants puissent disposer d’entrées dérobées et de relais particuliers au sein du parlement, du gouvernement ou du pouvoir judiciaire. Nous demandons que les lobbies sortent de l’ombre et soient contrôlés : c’est une question d’égalité entre les citoyens ! Si la commission d’enquête n’est même pas capable de renforcer les règles en la matière, nous ne pourrons pas suivre ses conclusions ! »

 

Dans ces conditions, le groupe PS ne pourra soutenir ce qui s’apparente aujourd’hui à 16 mois de travaux perdus.