Question de Gwenaëlle Grovonius à Alexander De Croo, ministre de la Coopération, sur les coupes dans l'aide au développement

Monsieur le président, monsieur le ministre, aujourd'hui, la presse relaie l'appel des 111. Cent onze personnalités de la société civile belge qui appellent votre gouvernement, qui vous appellent à stopper les coupes budgétaires dans la Coopération au développement. Cent onze personnalités de la société civile belge qui demandent à votre gouvernement, qui vous demandent d'enfin respecter ses engagements internationaux de consacrer 0,7 % du revenu national brut (RNB) à la Coopération au développement.

 

À l'inverse, aujourd'hui, nous voyons qu'en 2015 seulement 0,42 % de notre RNB était consacré à la Coopération. Selon nos estimations, en 2019, nous serons à seulement 0,36 %, bien loin de nos engagements internationaux! Cette diminution est d'autant plus grave que la Belgique est devenue la première bénéficiaire de son aide, de sa coopération au développement. En effet, les moyens de la Coopération sont aujourd'hui utilisés pour les frais d'accueil des demandeurs d'asile en Belgique, ce qui diminue encore considérablement cette part réelle de notre coopération destinée aux pays du Sud et à nos actions dans ces pays.

 

Ces cent onze personnalités de la société civile belge vous appellent à mener, à l'inverse de ce qui est fait aujourd'hui, une véritable politique de développement, monsieur le ministre. En 2018 et jusqu'à la fin de la législature, quel sera le pourcentage de notre RNB qui sera effectivement consacré à l'aide publique au développement? Quelle concertation a-t-elle lieu avec les acteurs de la coopération non gouvernementale?

 

Enfin, dans Le Soir, vous faites la leçon en réponse à cet appel des 111. Vous plaidez pour une coopération efficace. Comment souhaitez-vous mettre en place cette coopération efficace, monsieur le ministre, dans un cadre où nous avons un service d'évaluation interne réduit à son plus simple appareil, qui ne nous permet pas d'évaluer cette efficacité, et dans une situation où les moyens ont été diminués de plus d'1,5 milliard d'euros? Monsieur le ministre, comment allez-vous améliorer notre coopération dans ce contexte?

Réponse d'Alexander De Croo

L'ambition de la coopération au développement est d'améliorer la situation des populations locales. Cela requiert une approche différente et surtout plus efficace que celle pratiquée dans les années 70, où ce qui importait avant tout, était de dépenser un maximum d'argent

 

Spécifiquement par rapport à la lettre, j'apporterai quelques éléments. Tout d'abord, l'objectif de 0,7 % est confirmé dans l'accord gouvernemental, à condition qu'il soit réalisable du point de vue budgétaire. Tous les pays européens ont d'ailleurs confirmé l'objectif de 0,7 % dans le cadre des objectifs de développement durable visés jusqu'en 2020-2030. Sur ce point, nous sommes d'accord sur la lettre.

 

Pour le reste, nous nous situons au-delà de la moyenne de l'OCDE. Nous sommes aujourd'hui le septième bailleur européen. Dire que nous ne prenons pas nos responsabilités n'est donc pas correct du tout!

 

Je ferai quelques objections quant au contenu de cette lettre. Dépenser de l'argent est facile, obtenir des résultats est autre chose.

 

J'observe que des résultats sont engrangés lorsque le secteur privé local se développe. Selon M. De Vriendt, cette politique manque de clairvoyance, mais peut-être n'est-il pas conscient des mutations en cours dans le monde.

 

Ces vingt dernières années, la pauvreté a été réduite de moitié dans le monde et ce progrès n'est pas le résultat de la coopération au développement, mais de différents investissements, du libre-échange et de la démocratie.

 

Nous développons une politique de partenariats, en association, par exemple, avec le mouvement She Decides ou la Fondation Bill & Melinda Gates.

 

Je refuse en tout cas de continuer à appliquer les méthodes des années 70.

Réplique de Gwenaëlle Grovonius

Monsieur le ministre, je vous remercie pour vos éléments de réponse.

 

Vous parlez d'efficacité, de résultats. La moindre des choses serait d'appliquer ce concept à vous-même et de respecter vos propres engagements, à savoir les engagements internationaux de la Belgique à atteindre les 0,7 % du RNB consacrés à la coopération au développement. 

 

Votre leitmotiv est très clair: privé, privé, privé dans les pays les plus pauvres de notre planète. Pourtant, toutes les études démontrent que cela ne fonctionne pas.

 

Nous voulons un monde qui préconise la solidarité et la stabilité internationale alors que vous proposez un monde où règnent la confrontation, les conflits, l'instabilité internationale. La coopération au développement doit être un outil destiné à favoriser la paix et la solidarité. Or, vous en faites tout autre chose.

 

Beaucoup de personnes ont rêvé de réussir, enfin, à externaliser et à privatiser la coopération. Je vous félicite, monsieur le ministre, car vous serez, sans doute, le premier à y arriver!