Monsieur le président, monsieur le premier ministre, plus personne aujourd'hui ne croit en votre budget. Nous en avons eu deux preuves encore cette semaine et non des moindres.
D'abord, la Cour des comptes est très critique envers votre budget. Elle pointe des recettes surévaluées (taxe Caïman, taxe bancaire sur les comptes-titres et autres mesures) ainsi que votre bricolage avec le taux de croissance et émet de sérieux doutes quant à la neutralité budgétaire de votre réforme de l'ISOC.
Ensuite, la Commission européenne, très critique aussi, ne dit rien d'autre. Elle confirme votre bricolage sur le taux de croissance qui ne respecte pas la législation européenne et qui a pour conséquence de rendre votre budget pas du tout fiable.
Comme nous, la Commission constate que la croissance économique de notre pays est loin derrière celle de la zone euro. Elle pointe aussi les recettes largement surévaluées. Elle parle du tax shift non financé en 2018 mais qui diminue structurellement les recettes de l'État. Elle est aussi critique face à la réforme de l'ISOC qu'on ne peut pas, dit-elle, considérer comme neutre.
Alors, monsieur le premier ministre, on commence à s'habituer à l'amateurisme de votre gouvernement. Mais cette gestion approximative, cette gestion à court terme nous met maintenant en danger. Qui va payer? Ce sont bien évidemment les générations futures et nos enfants.
D'autres personnes le disent, même au sein de votre majorité. On a entendu les propos de M. Bogaert et je condamne ses propos condescendants à l'égard des francophones. Celui-ci nous dit que le budget est le maillon faible et il a raison. M. Van Rompuy avait dit exactement la même chose.
Votre politique, monsieur le premier ministre, c'est un cercle vicieux. C'est d'abord une sape structurelle des recettes. Ensuite, vous constatez des déficits et, en vous appuyant sur ceux-ci, vous vous attaquez aux dépenses et donc aux citoyens. Comme M. Van Overtveldt l'a confirmé dans sa déclaration d'hier, il faudra à nouveau toucher aux recettes de l'État.
Monsieur le premier ministre, ma question est toute simple. Comment, après cela, pouvez-vous encore considérer la réforme de l'impôt des sociétés comme étant neutre? Quand prendrez-vous réellement conscience de ces manquements? Quand rendrez-vous enfin un travail sérieux en matière budgétaire?
Réponse de Charles Michel
Voici quelques mois, nous avons conclu l'accord de l'été dans lequel nous avons opté pour l'assainissement et la relance. Nous avons décidé de réformes structurelles que nous devons aujourd'hui réaliser. Nous devrons en outre prendre des décisions concernant la modernisation du marché du travail et la réforme de l'impôt des sociétés et nous devrons élaborer des mesures pour donner plus d'oxygène à notre économie et attirer des investissements. Nous sommes convaincus que c'est en créant des emplois que nous pourrons assainir notre situation budgétaire.
Mesdames et messieurs, nous assumons totalement les choix de réformes structurelles qui ont été posés pour rendre notre économie plus solide et la cohésion sociale plus durable. Nous assumons, en parallèle, les choix budgétaires qui ont été faits. Pourquoi? Parce que nous pensons que deux tiers du chemin vers l'assainissement budgétaire ont été parcourus et que ce travail permanent doit se poursuivre. L'assainissement budgétaire ne peut cependant, à nos yeux, avoir lieu contre la relance économique, la création d'emplois et la stimulation de l'économie.
Si nous prenons au sérieux l'ensemble des rapports qui nous sont adressés - nous les examinons pour en tirer les conséquences pertinentes - un petit travail de mémoire s'avère utile tant sur les bancs de la majorité que de l'opposition. Il y a exactement un an, nous avons assisté, dans le chef de l'opposition, à un copier-coller du débat qui a lieu cet après-midi. Déjà à l'époque, la Commission européenne se livrait à des prévisions plus pessimistes pour 2017. Quelques mois plus tard, nous constations que, non seulement le contrôle budgétaire de 2017 n'était pas nécessaire, parce que les chiffres étaient meilleurs que prévus, mais que là où la Commission européenne pronostiquait – 2 %, elle devait constater – 1,5 %. Cette amélioration substantielle représente une différence de deux milliards d'euros d'assainissement.
Enfin, permettez-moi de vous dire, monsieur Crusnière, que votre formation politique n'est pas spécialement bien placée pour donner des leçons d'assainissement budgétaire. Un parti qui, courant après les partis extrémistes de gauche, prône la semaine de 30 heures sans perte de salaire, fait la démonstration de son irresponsabilité envers les générations futures.
Nous avons opéré des choix clairs et sommes déterminés à poursuivre l'assainissement budgétaire et la croissance économique jusqu'au dernier jour de cette législature.
Réplique de Stéphane Crusnière
Monsieur le premier ministre, je suis très inquiet. Vous baignez en permanence dans une certaine autosatisfaction, il n'y a aucune remise en question dans votre chef. Si vos politiques étaient si bonnes, si vos politiques étaient les meilleures, nous ne serions pas à la traîne en termes de croissance par rapport au reste de la zone euro.