Question de Laurent Devin à François Bellot, ministre de la Mobilité, sur la ponctualité des trains

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, le bulletin du mois d'octobre est tombé! Les associations Navetteurs.be et TreinTramBus le disent: quatre trains sur dix, dans notre pays, sont en retard. Le pire se passe à Namur, capitale de la Wallonie. Lorsque vous prenez le train à Namur pour aller travailler, il n'y a plus qu'un seul train sur trois qui arrive à l'heure. Je lis que certains chiffres sont contestés. Mais je lis également que les navetteurs, eux, se reconnaissent pleinement dans ces chiffres qui sont, malheureusement, le reflet de leur triste réalité.

 

Les causes peuvent être multiples – je tiens à être de bon compte – et ne sont pas toutes dues à l'entreprise ferroviaire. Mais le constat est là! Vous qui avez présidé la commission Buizingen, êtes bien placé pour le savoir: le nerf de la guerre, c'est l'argent! Vous aviez souligné le fait que l'entretien du réseau était primordial et, pour cela, l'argent est nécessaire. Or, aujourd'hui, les économies budgétaires décidées d'emblée par ce gouvernement posent question. Ces économies ont des conséquences dont nous subissons déjà aujourd'hui les méfaits - des économies budgétaires pour tout le monde, mais aussi selon une clé de répartition particulièrement insoutenable pour la Wallonie.

 

Quel espoir d'amélioration pour demain? Nous attendons encore les contrats de gestion de la SNCB, d'Infrabel, le Plan pluriannuel d'investissements et, bientôt, vous l'avez annoncé, un plan de transport. Nous verrons ce que cela donnera. Mais aujourd'hui, nous n'en savons encore rien du tout alors que ce gouvernement est installé depuis plus de trois ans.

 

Monsieur le ministre, reconnaissez-vous la pertinence des chiffres avancés par les associations de navetteurs, représentant les usagers quotidiens du rail qui se rendent sur leur lieu de travail? Reconnaissez-vous que la première cause des retards est liée à l'entretien de l'infrastructure du réseau? Dans ce contexte, comment ne pas craindre que les milliards d'économies imposées à Infrabel n'aggravent la situation déjà très pénible pour les voyageurs? Des centaines de milliers de personnes attendent vos réponses.

Réponse de François Bellot

Je tiens à souligner qu'outre la sécurité et la communication à l'attention des voyageurs en cas de perturbations, la ponctualité reste l'une des trois priorités des chemins de fer.

 

Suite à la dégradation de la ponctualité au cours du dernier semestre 2016, j'avais demandé, fin 2016, que les deux sociétés désignent des managers de ligne pour gérer les incidents de ligne et voir pourquoi la ponctualité se dégradait. Une amélioration a donc été enregistrée au cours du premier quadrimestre 2017.

 

Les causes des retards sont multiples et il convient, bien entendu, d'agir sur tous les facteurs identifiés. Ainsi, j'ai insisté auprès des gestionnaires d'infrastructure sur la meilleure planification des travaux afin que ces derniers impactent le moins possible les voyageurs, tout comme j'ai insisté auprès de la SNCB pour que les premiers départs aient lieu à l'heure. En effet, 15 % des premiers départs de trains ont lieu en retard, ce qui est totalement inacceptable.

Ces actions ne sont cependant pas suffisamment couronnées de succès et comme je veux aussi voir des résultats, j'ai demandé à la SNCB et à Infrabel d'élaborer un plan d'action concret, notamment concernant les premiers départs et l'entretien du matériel roulant et de l'infrastructure.

 

Savez-vous qu'en septembre, il faut aussi tenir compte du fait que 50 % des retards sont liés à des tiers. Ces chiffres sont avérés. Ces données sont accessibles. Que sont ces "tiers" du mois de septembre? Alertes à la bombe, non-respect des passages à niveau fermés avec deux accidents mortels, déclenchement des alarmes, piétons le long des voies et nombreux suicides.

 

J'attends dès lors des sociétés qu'elles intensifient les actions de sensibilisation déjà lancées face aux problèmes et aux phénomènes de société qui ont un impact sur la ponctualité. À cet égard, le projet de loi sur les sanctions administratives, qui est sur le point d'aboutir, devrait également constituer une avancée importante en faveur d'une réduction des causes tierces en sanctionnant réellement les auteurs de faits, dont certains imposent l'arrêt complet du trafic ferroviaire sur des lignes parfois pendant plus d'une heure.

 

Bien entendu, certains vont essayer de mettre ces contre-performances sur le dos des économies. Et c'est le jeu politique! On le connaît tous. À ceux-là, je veux demander s'ils pensent vraiment que c'est l'entretien des trois dernières années qui impacte l'état actuel du réseau? En tant qu'ingénieur ayant travaillé dans des grandes infrastructures, et il y existe d'autres exemples sur Bruxelles, je peux vous dire que des problèmes liés à un manque d'entretien se marquent sur une durée bien plus longue. En conséquence, si vous pensez que l'état de l'infrastructure est un problème, sachez que son origine se trouve dans des décisions et dans l'absence de décisions au cours des dernières décennies!

 

Quoi qu'il en soit, je continuerai à être attentif à ces éléments essentiels de qualité de déplacement qu'est la ponctualité et aux résultats des actions proposées par le management. À ce titre, je vais rencontrer les associations qui ont fait part de leur constat. Je vais leur demander leurs observations, leurs relevés. Je les confronterai avec les relevés qui ont été donnés par les deux sociétés, Infrabel et la SNCB. Ensuite, je les réunirai pour trouver ensemble les raisons pour lesquelles le constat est tellement différent par rapport aux mesures effectuées par la SNCB et Infrabel. Toutefois, l'objectif n'est pas de constater mais d'améliorer la ponctualité, à côté de la sécurité et de la communication.

Réplique de Laurent Devin

Monsieur le président, monsieur le ministre, je prends les collègues à témoin. Il y a trois ans, ici-même, votre prédécesseure, Jacqueline Galant, disait la même chose que vous: "Ce n'est pas de ma faute, ce sont tous ceux d'avant. Mais vous allez voir ce que vous allez voir! Maintenant, cela va changer, et très rapidement!" Trois ans après, où en sommes-nous? Nous payons déjà les conséquences des économies budgétaires.

 

Oui, ce gouvernement, c'est le gouvernement du budget minimum. Jamais il n'y avait eu autant d'économies budgétaires sur la SNCB et Infrabel! Jamais! Ce gouvernement a trompé les citoyens. Ici-même, Jacqueline Galant disait. "Le TGV wallon? Suppression temporaire. Temporaire: il va revenir, monsieur Devin". Il n'est pas revenu. Aujourd'hui, les Namurois ne peuvent plus aller à Paris. À présent, il n'y a plus qu'un train sur trois, à Namur, qui arrive à Bruxelles.

 

L'important, c'est le citoyen, le citoyen qui va travailler et qui, le soir, en s'endormant, se demande s'il va avoir un train, se demande s'il va partir à l'heure, se demande si son employeur ne va pas encore lui faire la remarque qu'il est en retard. En retard à cause de quoi? À cause du train! Il est déjà difficile d'avoir un "job, job, job", mais quand vous arrivez en plus tout le temps en retard, c'est encore plus difficile. Et pensez à la vie de famille quand vous rentrez éreinté parce que votre train a été arrêté. Et ça, c'est la réalité de tous les jours des navetteurs!