Question de Laurent Devin à François Bellot, ministre de la Mobilité, sur le 2ème anniversaire de la suppression du Thalys wallon par le Gouvernement

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, demain aura lieu un bien triste anniversaire. Il y a deux ans, la ministre Galant nous annonçait la suspension provisoire du Thalys wallon. Elle avait pointé des problèmes techniques et la durée de leur réparation.

 

Les problèmes techniques devraient être résolus - deux ans ont passé. La Wallonie devrait à nouveau profiter de ce service qui permet son développement économique, culturel, et qui est aussi une réponse écologique au problème du congestionnement de nos grandes villes.

 

Pourtant, aucune solution n'est proposée. J'ai interpellé la SNCB par rapport au plan de transport: pas une ligne sur le Thalys wallon alors que c'est prévu au contrat de gestion. Comme il a fallu supprimer le Thalys flamand Ostende-Bruxelles, appelé le train fantôme, en compensation, le Thalys wallon a été supprimé. La connexion directe Charleroi/Namur/Mons vers Paris a été stoppée. Liège est encore reliée à Paris, avec la ligne Paris-Liège-Dortmund.

 

Aujourd'hui, trois heures sont nécessaires pour rejoindre Paris de Charleroi en train, alors qu'il en faut beaucoup moins pour parcourir Anvers-Paris. La Wallonie mérite d'être dotée d'un train rapide. Le gouvernement s'y est engagé, il y a deux ans, à travers Mme Galant.

 

Monsieur le ministre, maintenez-vous que cette suspension est temporaire ou nous annoncez-vous aujourd'hui qu'il n'y aura plus de Thalys wallon? Proposez-vous une alternative écologique par rapport aux liens qui doivent unir très fortement la Wallonie à Paris?

Réponse de François Bellot

Monsieur le président, je tiens tout d'abord à rassurer les Liégeois en leur disant que le TGV passe toujours de nombreuses fois à Liège chaque jour.

 

Cher collègue, permettez-moi de vous rappeler que depuis le début de cette année, vous m'avez avec l'un de vos collègues, interrogé à plusieurs reprises sur le même sujet. Je vous demande donc d'être, cette fois, particulièrement attentif à ma réponse.

 

La suspension du Thalys wallon a été décidée pour des raisons de sécurité. Comme je l'ai lu dans la presse, la société THI vous l'aurait apparemment expliqué avec des arguments techniques. Une desserte TGV vers Namur n'est plus possible techniquement depuis décembre 2016 puisque le matériel TGV réseau tricourant n'est pas équipé du système ETCS déployé par Infrabel sur la ligne.

 

Je rappelle encore une fois que Thalys est devenue, depuis le 1er avril 2016, une entreprise ferroviaire de droit privé qui décide elle-même de son offre. Quant à la SNCB, elle ne dispose pas de rame à grande vitesse. La location d'un système adéquat coûterait aujourd'hui grosso modo 7 millions d'euros par an à l'État fédéral et aux contribuables.

 

Avec son plan de transport 2017, la SNCB augmente son offre de 5 % par rapport au plan de transport du gouvernement fédéral précédent. C'est la preuve que les économies demandées en début de législature n'ont pas pénalisé le développement de l'offre.

 

À l'avenir, si le gouvernement wallon souhaite faire du Thalys wallon sa principale priorité, je n'y vois pas d'inconvénient. Mais il faut faire des choix et celui-là aura assurément un impact sur l'offre en service intérieur en Région wallonne. Je tiens quand même à souligner que ce n'est pas parce que la Région wallonne formule des demandes qu'elles répondent à un besoin aussi important qu'elle ne l'estime.

 

Je tiens aussi à rappeler que ma priorité est bien de trouver des solutions pour la mobilité, en concertation avec les comités représentatifs des usagers. Je vous renvoie à leur avis sur le réseau intérieur du Thalys wallon.

 

Enfin, soucieux des liens entre notre pays, donc la Wallonie, et les pays limitrophes, à l'écoute des citoyens qui demandent une solution ferroviaire pour relier Paris au départ de Namur, Charleroi et les autres villes, j'ai demandé à la SNCB d'étudier différentes options de desserte au départ des villes wallonnes à destination de Paris, à savoir Namur-Charleroi-Erquelinnes-Maubeuge-Paris et Namur-Charleroi-Mons-Quévy-Aulnois-Paris.

 

J'attends les analyses avec les possibilités techniques et les coûts que ces liaisons pourraient représenter. Je vous renvoie à la commission de l'Infrastructure au sein de laquelle vous pourrez m'interroger dès que le rapport technique sera arrivé.

Réplique de Laurent Devin

Monsieur le ministre, vous avez raison sur une chose: avec mon collègue Éric Thiébaut, nous suivons avec grand intérêt le Thalys wallon et nous vous interpellons.

 

Vous nous dites que Thalys est une société privée. Qui sont les actionnaires? La SNCF et la SNCB! Vous êtes directement concerné! Ne dites pas: "C'est eux, ce n'est pas nous!". C'est vous!

 

On apprend que du 29 avril au 1er mai, le TGV roulera sur la dorsale wallonne. En raison des travaux à la jonction Nord-Midi, ils vont reprendre le parcours. Or vous nous dites que c'est impossible. J'apprends que du 29 avril au 1er mai, ce sera fait!

 

Enfin, vous dites que le gouvernement fédéral paie aujourd'hui les pertes subies pour le train qui va de Bruxelles à Anvers, d'Anvers à Rotterdam et de Rotterdam à Amsterdam. Ce qu'on paie pour la Flandre, on doit aussi le payer pour la Wallonie!