Plan stratégique de la Défense : aucune vision et des promesses à crédit

Pressé par l’approche du sommet de l’OTAN de Varsovie des 8 et 9 juillet prochains et après des mois de palabres, le gouvernement fédéral a adopté en urgence - en conseil des ministres électronique - un accord de principe sur une « vision stratégique » à l'horizon 2030.

 

« Tout ça pour ça ? » s’étonne le député PS Sébastian Pirlot qui interrogeait le Premier ministre et le ministre de la Défense en séance plénière « le gouvernement Michel nous avait promis un ‘plan stratégique 2015-2030’ dans les 6 mois de son installation. Près de 2 ans plus tard, il nous sert en urgence une vision floue et à crédit. »

 

Car pour Sébastian Pirlot, on est bien loin des grands effets d’annonce du gouvernement : « Charles Michel nous promettait la lune en matière de Défense. Aujourd’hui nous n’avons obtenu aucune réponse correcte à nos nombreuses interrogations :

- sur les 7.000 emplois en moins et les recrutements insuffisants pour remplir les missions,

- sur le maintien des missions d’aide à la nation,

- sur l’avenir des casernes,

- sur les 2 milliards d’économies record et un budget de la Défense à son niveau plancher,

- sur un déploiement minimaliste des militaires belges à l’étranger et une participation de la Belgique aux missions de l’ONU quasi nulle,

- sur les éventuelles retombées industrielles des achats faramineux déjà décidés… »

 

Le premier Ministre n’a pas été plus loin que sa promesse de décembre : 9 milliards d’achats militaires d’ici 2030 avant même que le gouvernement n’ait défini une quelconque vision stratégique et surtout sans aucune réflexion européenne. « Le gouvernement innove dans l’achat à crédit » a répliqué Sébastian Pirlot « puisque la facture sera presque totalement envoyée aux prochains gouvernements. Facile en effet de s’engager à augmenter le budget de la Défense de plus de 6,5 milliards d'euros... entre 2019 et 2030 ! Pour ne pas arriver nu au sommet de l’OTAN, le Premier Ministre se drape dans ses promesses à crédit. »

 

Retranché derrière les 144 pages de sa « vision stratégique », le ministre de la Défense s’est contenté de répondre sur le ton de l’ironie : ‘les militaires seront moins nombreux mais bien logés’… C’est ça la considération d’un Ministre pour son département ?

 

Une chose est sûre pour Sébastian Pirlot, ce plan stratégique est totalement bâclé : « rien n’est financé, rien n’est tranché, rien n’est réfléchi. Aucun choix capacitaire n’a été posé et aucune complémentarité européenne n’a été recherchée. Par contre, le travail de mémoire, les missions d’aide à la nation, les services à la population et la composante médicale - pourtant bien utile lors des attentats du 22 mars - ont totalement disparu du radar gouvernemental, tout comme la formation de nos militaires… »

 

Pour le Groupe PS, supprimer tous les services à la population, les missions de solidarité internationale et engager financièrement les prochains gouvernements sans vision européenne n’est pas une vision stratégique crédible.