Question de Laurette Onkelinx à Charles Michel, Premier ministre, sur le comité de concertation "Mobilité"

Monsieur le président, chers collègues, on se souviendra que le comité de concertation a été créé par une loi ordinaire de 1980. Il a connu des hauts et des bas, des accords et des désaccords, mais il a toujours été considéré comme essentiel au bon fonctionnement du pays. Et jusqu'à présent, chaque premier ministre qui préside ce lieu de rencontre entre les gouvernements du pays a essayé d'en faire un outil de maturité du système fédéral belge.

 

Malheureusement, je constate que ce comité ne fonctionne plus. Non seulement il produit très peu d'accords, mais surtout il est devenu un lieu de méfiance réciproque. Vous n'arrivez pas à coaliser au profit du pays. En plus, les communications agressives qui, parfois, sont totalement déconnectées de la réalité, de ce qui se passe à l'intérieur du comité, donnent une image désastreuse de notre pays à l'égard de nos concitoyens, mais également à l'égard du monde extérieur. La Belgique et Bruxelles ne s'en sortent pas bien à chaque fois que se réunit le comité de concertation.

 

Monsieur le premier ministre, en tant que premier responsable de ce comité, que vous présidez, pensez-vous que ce comité a encore un sens dans sa conception actuelle? Faut-il changer les modes de dialogue entre les Communautés du pays? Quelles sont vos réflexions à court terme pour améliorer le fonctionnement du dialogue interfédéral? Allez-vous continuer à transformer notre fédéralisme de coopération en un fédéralisme de la querelle, de la méfiance et de la rancœur?

Réponse de Charles Michel

Je soutiens le comité de concertation: nous devons tous lui donner l'opportunité de fonctionner correctement. Des dizaines de décisions y ont été prises, la sixième réforme de

l'État qui implique des transferts importants de personnel se déroule sans heurts. Quand des

sujets plus délicats y sont abordés, comme hier, il est normal que les tensions augmentent.

 

Bruxelles, capitale de l’Europe doit à présent imaginer des solutions durables à court, moyen et long termes pour assurer la mobilité. Par la voix du ministre Reynders, le gouvernement fédéral a proposé son aide à Beliris. Hier, lors de la réunion du comité de concertation, nous avons préconisé une approche globale pour le métro, la SNCB et le RER et une solution pour les tunnels

 

On nous a dit que des études étaient en cours concernant les tunnels, mais je n'ai reçu

aucune information au sujet d'un calendrier des travaux, d'une stratégie ou d'une méthodologie.

 

Le fédéral entend assumer ses responsabilités pour le RER. M. Cheron a raison de rappeler qu'il y a un sous-financement lié à des surcoûts importants constatés depuis cinq ans, ainsi que des problèmes de permis. Nous devons aussi rechercher une solution globale concernant le métro.

 

Nous tendons la main aux autorités régionales et nous désirons apporter une réponse pour les Bruxellois et les navetteurs.

Réplique de Laurette Onkelinx

Monsieur le président, le mot-clé est évidemment "stupéfaction". Je suis stupéfaite par votre réponse. Hier, il aurait juste fallu prendre un peu de hauteur et décider, par exemple, simplement, la constitution de trois groupes de travail. Premièrement, sur Beliris, pour examiner la problématique des tunnels et du métro dans ce cadre. Je crois d'ailleurs que le ministre responsable de Beliris était tout à fait d'accord.

 

Deuxièmement, il aurait fallu créer un groupe sur le RER. Il est incroyable que la ministre de la Mobilité n'ait pas dit un mot au sein du comité de concertation, et qu'elle se soit contentée de pérorer à l'extérieur. Or, le RER wallon est à l'arrêt - croyez bien que Karine Lalieux et Stéphane Crusnière pour notre groupe auront à cœur, avec les autres parlementaires, de cuisiner, à court terme, la ministre de la Mobilité.

 

Troisièmement, un groupe de travail sur les tunnels aurait été opportun mais pas pour décider à la place de la Région de Bruxelles-Capitale. Je suis heureuse qu'aujourd'hui, avec les six partis qui composent le gouvernement régional, les bonnes décisions aient été prises. Voilà une réponse à ceux qui ont jeté leur mépris pour Bruxelles à cette tribune.

 

Il ne s'agit pas de prendre les décisions à la place de Bruxelles, mais d'en voir les conséquences sur la trajectoire. Vous n'avez pas été capable de prendre cette hauteur; au contraire, vous avez participé à un concours enfantin de jet de pierres. Vous avez recommencé avec des attaques contre des responsables politiques et contre une Région.