Question de Frédéric Daerden à Charles Michel, Premier ministre, sur l'avenir de la sécurité sociale

Monsieur le premier ministre, la sécurité sociale est le ciment de ce pays, et vous le savez bien. C'est un véritable joyau dont nous devons être fiers, le lien entre tous nos concitoyens - indépendamment de leur origine ou de leurs convictions -, le premier rempart contre la précarité. Ce mécanisme de solidarité garantit une sécurité d'existence à nos concitoyens du Nord et du Sud.

 

Dans la presse de ce jour, votre ministre de la Santé reconnaît avoir déjà mis à forte contribution la sécurité sociale. Elle affirme avec aplomb qu'on n'y touchera plus et encourage les autres ministres à réaliser des économies dans leur département.

 

Monsieur le premier ministre, la politique de votre gouvernement est complètement déséquilibrée. Vous demandez six fois moins d'efforts aux revenus du capital qu'aux pensionnés, malades, chômeurs et autres allocataires. Aujourd'hui, certains partis de votre majorité veulent continuer dans cette voie et imposer toujours plus d'austérité, au mépris de toute réalité sociale et par pure idéologie.

 

Comment allez-vous faire pour résister à la N-VA, qui plaide en faveur du démantèlement de la sécurité sociale? Depuis un an et demi, Bart De Wever tire les ficelles et enchaîne les déclarations. Vous vous contentez de minimiser, comme vous venez encore de le faire. Vous ramenez tout cela à rien, mais les faits sont là.

 

Revenons aux économies visant la sécurité sociale. Comment allez-vous trouver les six milliards destinés à combler le déficit budgétaire, car ils sont bien réels? De quelle manière le MR va-t-il s'y prendre pour ne pas encore faire peser davantage sur le dos des travailleurs, des pensionnés, des malades et des chômeurs les économies budgétaires et les cadeaux accordés à une minorité?

 

Dites-nous clairement et avec détermination, monsieur le premier ministre, que vous allez tenir cette fois vos promesses: pas question de toucher à la sécu! Rassurez-nous: le patron du gouvernement est bien au 16, rue de la Loi?

Réponse de Charles Michel

De budgets en contrôles budgétaires, on fait toujours des économies dans la sécurité sociale

et les soins de santé.

 

Les économies se font par rapport à une norme théorique, mais la croissance réelle est effective. Sous la précédente législature, la croissance réelle était entre 1 et 2 %. Nous avons continué cette croissance réelle dans les soins de santé entre 1 et 2%.

 

Il faut réformer pour garantir la pérennité de notre protection sociale.

 

Il est crucial de mener des réformes structurelles. Les ministres des Affaires sociales et des Pensions s’y attellent. En créant des emplois et en menant des réformes économiques, ce gouvernement s’applique par ailleurs à financer durablement notre modèle social. Voilà la réalité.

 

Comme l'ensemble des gouvernements dans ce pays et en Europe, nous devrons voir comment nous rapprocher de l'assainissement structurel.

 

Nos réformes en matière de soins de santé entendent respecter et protéger les patients.

 

Le pacte de stabilité prévoit pour le moment l'équilibre budgétaire en 2018. En concertation avec les Régions, nous devrons régulièrement évoquer ce pacte, qui sera transmis à l'UE.

Réplique de Frédéric Daerden

Monsieur le premier ministre, vous évoquez le gouvernement précédent, les budgets et contrôles budgétaires précédents ainsi que des économises dans la sécurité sociale. Il y a eu des économies par rapport aux normes de croissance qui avaient été évoquées. Comme on a eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, tout cela a été assorti de réinvestissements, avec un renforcement des solidarités et jamais sur le dos des patients. C'est un élément fondamental. Aujourd'hui, depuis quinze mois, il y a déjà eu de nombreuses économies faites sur le dos des patients et des allocataires sociaux. C'est un élément de différence fondamental!

 

Quand je vous entends aujourd'hui, je suis surpris de votre réponse. Vous confirmez qu'il va encore y avoir de nombreuses économies dans la sécurité sociale. C'est inquiétant! Cela contredit les propos de votre ministre ce matin dans la presse, vous nous dites clairement qu'il y aura encore des économies dans ce département. Attention à ce détricotage!