Monsieur le vice-premier ministre, votre collègue des Finances, M. Van Overtveldt étant en ce moment à la réunion des ministres des Finances, laquelle a commencé à 13 h 30, c'est vous qui allez nous répondre aujourd'hui.
Depuis des semaines, et ce sera sans doute aujourd'hui l'apothéose, nous assistons, vis-à-vis de la Grèce, à un véritable déni de démocratie. En effet, imaginez que, demain, l'establishment européen impose au gouvernement MR/N-VA de mener une politique de gauche. Je suppose que vous ne seriez pas particulièrement contents. Aujourd'hui, la droite européenne et l'Eurogroupe imposent à M. Tsipras de mener, non pas une politique de gauche, mais une véritable politique de droite. Les conséquences sont l'augmentation du sentiment anti-européen et la montée de certaines formes de populisme. On voit qu'Aube dorée prend de l'ampleur en Grèce. Demain, méfiez-vous de ne pas les avoir comme interlocuteurs!
Pourtant, l'austérité poursuit sa route, au mépris des faits. Pour quelle raison? Tout simplement, parce qu'on a voulu sauver des banques européennes, françaises et allemandes - en réalité, leurs actionnaires - en affamant les citoyens grecs. On ne comprend plus quel est le sens de tout cela.
Les choix définis par les créanciers, entre autres par le FMI, apparaissent uniquement comme idéologiques et dogmatiques, conduisant la population grecque vers plus de pauvreté, de chômage, de suicides – parce qu'il y en a! – et la destruction du tissu économique. Pourtant, le FMI le dit lui-même: l'austérité aboutit à la mort clinique du développement économique.
On traite avec une brutalité extrême, sans nom, un gouvernement démocratiquement élu qui défend des choix pour son peuple, soumet des propositions et prône des pensions décentes, des emplois, l'espoir pour sa jeunesse et des soins de santé pour tous.
Qui sont les vrais ennemis du projet européen? Ce sont ceux qui se battent contre cette population et contre ses représentants.
Mes questions seront simples. Quelle position la Belgique défendra-t-elle cet après-midi? Intransigeance ou assouplissement de la dette, compte tenu des autres
propositions? Comment pouvez-vous expliquer qu'aucune des recettes-miracles installant l'austérité, qui sont imposées à la zone euro, n'ait produit la croissance et la prospérité attendue? Enfin,
la Belgique compte-t-elle plaider pour que la Commission dégage de nouvelles flexibilités budgétaires indispensables aux investissements publics, dont les Grecs en particulier et les Européens en
général - et nous sommes demandeurs - ont besoin?
Réponse de Jan Jambon
Les propositions du gouvernement grec sont arrivées trop tard lundi pour pouvoir être analysées dans le détail avant la réunion de l’Eurogroupe, ce qui explique le report de cette réunion à hier.
Devant les nombreux détails qui doivent encore être clarifiés, on a suspendu la séance jusqu'à aujourd'hui afin de poursuivre les travaux pendant la nuit. Les résultats de ces travaux
font l'objet de la réunion actuelle.
Réplique d'Eric Massin
Monsieur le ministre de l'Intérieur, je comprends la difficulté. De même, vous pouvez comprendre la frustration. Je sais que vous n'en êtes pas responsable. Il aurait été agréable à tout le moins d'avoir certaines réponses. Le ministre des Finances pouvait se douter des questions qu'on allait lui poser.
Malheureusement, alors que des propositions concrètes du gouvernement grec sont sur la table et mènent à des solutions, je constate finalement qu'on lui demande encore de revenir à la raison. Il me semble plutôt que c'est à l'Eurogroupe et, plus particulièrement au gouvernement belge, de reprendre le chemin de la raison.