
Le saut d’index est-il une perte ou une non-augmentation de revenus ?
Quand un saut d'index se produit, cela veut dire que le coût de la vie a augmenté mais que les revenus restent au même niveau. Il y a donc clairement une perte de pouvoir
d’achat, une perte de salaire réel.
Certains disent que comme l'inflation est faible pour le moment (c'est-à-dire que les prix n'augmentent pas beaucoup), l'impact sur le pouvoir d'achat est minime. Mais le coût de la vie aura
bien augmenté de 2% entre novembre 2012 et fin 2015; or les revenus n'augmenteront pas. Il y aura donc effectivement une perte de pouvoir d’achat de 2% (en réalité, vu les
modalités choisies par le gouvernement de Charles Michel, la perte sera même un peu supérieure: 2,05%).
La perte augmentera au fil du temps, même s'il n'y a pas de nouveau saut d'index. En effet, c'est un revenu inférieur à ce qu'il aurait été sans saut d'index qui sera indexé la prochaine fois et
tout au long de la carrière.
Quelle perte va provoquer le saut d’index ?
La perte de pouvoir d'achat pour un travailleur avec un salaire moyen sera d’environ 400€/an.
Détail du calcul:
Le salaire moyen en Belgique = 3100 € bruts/mois.
Après cotisations et impôts, cela donne un salaire poche (pour un travailleur isolé) de 1890 € nets/mois.
Après indexation (2 %), le salaire brut passerait à 3162 € bruts/mois. Après cotisations et impôts, cela donne 1.920 € nets/mois.
La non-indexation génère donc une perte de 1920 - 1890 = 30 €/mois.
Pour tenir compte du double pécule de vacances et de la prime de fin d’année, on doit considérer que le revenu annuel correspond au minimum à 13,5 fois le revenu
mensuel : 30 € X 13,5 = 405€.
--> Le saut d'index donne une perte d'environ 400 €/an pour un travailleur isolé (et évidemment davantage pour un ménage).
Est-ce que l’augmentation des frais forfaitaires déductibles permet de compenser l’impact du saut d’index ?
Pour pouvoir augmenter les frais forfaitaires déductibles, le gouvernement MR N-VA a augmenté des taxes sur la consommation (par exemple les accises sur le diesel).
La hausse des frais forfaitaires déductibles coûte 900 millions; la hausse des taxes sur la consommation rapporte 900 millions.
--> Ces deux mesures se compensent entre elles; le saut d'index vient en plus. Le saut d'index représente donc une perte sèche de pouvoir d'achat.
Est-ce que le saut d’index est « socialement corrigé » ?
Non: le saut d'index touche tous les pensionnés et tous les autres allocataires sociaux.
Le gouvernement de Charles Michel estime que l'attribution de l'"enveloppe bien-être", qui permet d'augmenter les allocations sociales, corrige le saut d'index pour les allocataires
sociaux.
Mais les pensionnés et allocataires sociaux auraient dû bénéficier de l'indexation ET de l'enveloppe bien-être; ils n'auront finalement que l'enveloppe bien-être.
Si vous avez promis une pomme et une poire à quelqu’un et que vous ne lui donnez qu’une pomme, vous ne pouvez pas dire qu'elle compense l’absence de poire…
Par ailleurs, le gouvernement a changé la loi pour diminuer l'enveloppe bien-être d’environ 20% (sous prétexte du transfert des allocations familiales, alors que l'enveloppe bien-être n'a
jamais servi à les augmenter): il n’y aura pas de poire, et même la pomme n’aura pas la taille promise…
Le saut d’index est-il nécessaire pour résorber l’écart salarial avec les pays voisins et donc restaurer notre compétitivité ?
Clairement: non.
Les chiffres du Conseil central de l’économie montrent qu’il n’est pas nécessaire de faire un saut d’index pour résorber l’écart salarial. Au contraire: si le gouvernement maintient le saut
d'index, on constatera un écart salarial "inversé", c’est-à-dire que depuis 1996, les salaires auront évolué moins vite en Belgique que dans les 3 pays voisins.
Les salaires n'ont-ils pas été gelés sous le gouvernement précédent ?
Sous le gouvernement précédent, tous les revenus ont été indexés et donc adaptés au coût de la vie. Le pouvoir d’achat est resté intact. Il a même augmenté pour les bas salaires qui ont
été rehaussés à plusieurs reprises.
L’actuel gouvernement prévoit non seulement un saut d’index, mais aussi une marge salariale extrêmement basse (inférieure à l'augmentation du coût de la vie). Les citoyens perdront donc du
pouvoir d'achat.
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