Question de Stéphane Crusnière à Steven Vandeput, ministre de la Défense, sur l'intervention militaire en Irak

Monsieur le président,

monsieur le ministre,

chers collègues,


ces dernières semaines, nous avons eu l'occasion de débattre longuement en commission: d'abord, à propos de votre note d'orientation, ensuite au sujet de votre note de politique générale et, enfin, concernant votre budget. De toutes ces heures passées à vous entendre, notre groupe n'a malheureusement pu ne tirer qu'une seule conclusion: votre absence de vision stratégique.

 

La N-VA est aujourd'hui à la tête d'un département régalien qui n'a plus les moyens des ambitions de l'accord de gouvernement. Je ne suis pas le seul à le dire; la Cour des comptes, un organe indépendant, pointait aussi l'absence de budget pour le prolongement, pourtant déjà acquis, de notre mission en Irak pour faire on ne sait trop quoi pour l'instant, et ce, globalement alors que votre département sera incapable dès 2015 de simplement acheter des munitions, par exemple. Je suppose que c'est cela "la guerre à crédit".

 

Pourtant, selon la presse, vous semblez décidé à répondre positivement à la demande additionnelle, adressée à notre pays de la part de la coalition internationale, de prendre part à des opérations d'entraînement et de conseil. Il s'agit donc clairement d'une mission nécessitant des militaires belges sur le sol irakien. Si leur nombre est encore inconnu, votre collègue des Affaires étrangères parlait déjà de l'envoi de plusieurs dizaines de formateurs.

 

Par cet acte délibéré, vous déciderez de sortir du champ d'application de la résolution adoptée par la Chambre en septembre, donc de la position de mon groupe. Tout cela, sans budget, sans approche globale, sans stratégie de sortie et, surtout, sans vision à court terme.

 

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous en dire davantage sur le futur cadre exact de la participation belge au sein de la coalition internationale en Irak?

En quoi consiste exactement la demande officielle reçue par notre pays?

 

Comptez-vous modifier la nature et le périmètre géographique de la participation belge initiale?

 

En termes de durée, avez-vous planifié une date de fin et une stratégie de sortie dans une approche 3D dont vous aimez tant parler?

 

Contrairement à la semaine dernière lors des débats budgétaires, savez-vous comment l'État financera-t-il cette nouvelle opération?

Opérerez-vous un choix entre la participation des F-16 et les missions d'entraînement et de conseil?

Dans les conditions budgétaires difficiles actuelles, pouvez-vous nous garantir que la sécurité de nos militaires sera effective sur place?

 

Enfin, vous parlez sans cesse de "valeur ajoutée" au sujet de nos opérations militaires. Selon vous, quelle serait la valeur ajoutée de cette nouvelle mission en faveur de notre pays?

Réponse de Steven Vandeput, ministre de la Défense

Monsieur Crusnière, une fois de plus, vous vous inquiétez du budget de la Défense. Votre parti ne l'a pas fait ces 25 dernières années...


Lors de la Conférence de Paris du 15 septembre, une trentaine de pays se sont engagés à la

demande de l'Irak. La demande portait sur tous les moyens (y compris militaires) pour faire face à la déstabilisation de la région provoquée par l'État islamique.


Ceux qui nous y représentaient à l'époque ont fait des promesses qu'ils ont ensuite oubliées.


Je recommande à M. Van der Maelen de ne pas prêter béatement foi aux informations diffusées par la presse et de lire les documents politiques. Conformément à la Constitution, le plan des opérations 2015 sera soumis à la décision du Conseil des ministres. S'il est important de développer une approche en 3D, c'est-à-dire basée sur le développement, la diplomatie et la défense, je ne puis personnellement réaliser que le dernier de ces trois volets.


Je soumets la participation de nos militaires à des opérations internationales à trois conditions

importantes. La première est que nous apportions une plus-value. Notre participation avec les F-16 est très largement appréciée sur le plan international et permet d'enregistrer des résultats sur le terrain. Une réunion d'évaluation a eu lieu à ce sujet avec le ministre des Affaires étrangères le 19 novembre. J'ai ainsi organisé cette évaluation près d'un mois avant la date du 15 décembre. Pourtant, M.Van der Maelen prétend que je ne tiens pas mes engagements.


La deuxième condition est de disposer d'une stratégie non seulement d'entrée, mais également de sortie. La coalition internationale a élaboré un plan en quatre phases dont la première est presque achevée.


Enfin, l'analyse des risques doit être correcte. La première proposition concrète que je for

mulerai en Conseil des ministres sera d'envoyer quelques hommes en Irak en vue d'examiner sur place les questions de savoir où et comment nous pourrions apporter une contribution.

Réplique de Stéphane Crusnière

Monsieur le ministre, je vous remercie.


Comme d'habitude, vous sortez toujours le même petit langage sur notre vision du budget de l'armée. Je vous rappelle néanmoins que les derniers gros investissements alloués à l'armée ont été initiés par un ministre francophone socialiste, M. Flahaut. Il ne faut pas l'oublier.

 

Pour le reste, de nouveau, peu d'affirmations et peu de précisions quant aux contours de la mission que vous comptez donner prochainement à la participation belge à cette coalition. Je réitère la demande: dès que le gouvernement aura pris une décision, je souhaite qu'on réunisse rapidement les commissions des Relations extérieures et de la Défense pour pouvoir en débattre, pour pouvoir bien en percevoir les contours, le périmètre, et surtout voir de quelle façon cette mission supplémentaire sera financée.

 

Contrairement à ce qui a pu être sous-entendu par certains lors de débats passés, la résolution que mon groupe a soutenue n'était certainement pas un blanc-seing à durée indéterminée. Si le gouvernement décide d'envoyer des troupes au sol, vous faites le choix clair de sortir du périmètre de cette résolution. Cela se fera sans le soutien du groupe PS.

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