Déclaration gouvernementale: intervention de Sébastian Pirlot sur le chapitre "Défense"

Monsieur le président,

chers collègues,

 

en matière de Défense, les mesures annoncées dans l'accord de gouvernement s'inscrivent clairement dans une vision conservatrice, pour ne pas dire moyenâgeuse, des relations internationales. La conception d'une armée d'attaque remplace en effet celle d'une armée au service de la paix et des populations.

 

Encore faut-il avoir les moyens financiers de ses ambitions. Ainsi, la majorité, dans un texte assez vague, s'engage à présenter un plan stratégique dans les six mois, mais semble avoir déjà posé un choix pour le remplacement d'équipements majeurs comme les F-16 par des chasseurs bombardiers; bref, un soutien à peine voilé aux F-35 américains.

 

Avant-hier, M. le premier ministre parlait d'être attentif aux retombées économiques pour la Belgique. Dans le cas précis, elles seront sans doute nulles. Pire, alors que l'accord de gouvernement parle de disette budgétaire, aucun choix clair n'est posé, si ce n'est sans doute pour sacrifier la composante médicale.

 

Pire encore, on parle de facturation de certaines missions d'aide à la Nation. Doit-on comprendre, par exemple, que MSF Belgique devra payer pour le rapatriement d'un humanitaire atteint par Ebola? Ou, en tant que bourgmestre, je me pose également la question: doit-on comprendre que les communes devront payer en cas de secours sur leur territoire de la population victime de catastrophe naturelle?

 

Les externalisations tous azimuts annoncées, la fermeture éventuelle de l'hôpital militaire, les menaces pesant sur la formation des militaires et leur bien-être ou encore le manque de volonté de répondre au déséquilibre linguistique au niveau de l'armée sont autant d'inquiétudes pour mon groupe, sur lesquelles je reviendrai d'ailleurs dans les prochaines semaines.

 

Enfin, on parle d'un cadre opérationnel sous couvert de l'ONU, alors que vous vous retirez de la mission ONU au Liban et que vous envisagez, par contre, de retourner en Afghanistan dans un cadre OTAN.

 

C'est un anachronisme de plus dans une politique visiblement résolument atlantiste, alors qu'un large soutien à l'Europe de la Défense a été manifesté par cette assemblée en adoptant une résolution PS sur ce thème. M. le premier ministre parlait de réformes structurelles, ce qui soit dit en passant est une lapalissade. Mieux vaudrait d'abord, en matière de Défense, structurer les réformes et savoir où vous allez.

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