Question d'Eric Massin à Kris Peeters, ministre de l'Emploi, sur le 'plein emploi'

Monsieur le ministre, hier, vous avez annoncé le plein emploi pour 2025. Enfin, une bonne nouvelle de la part de votre gouvernement! Notre groupe ne peut que soutenir cette ambition. L'emploi est le facteur d'intégration sociale le plus important dans notre monde occidental.

 

Or, il existe seulement deux méthodes pour ce faire. La première est destructrice de cohésion sociale, pourvoyeuse de pauvreté. En bref, la méthode allemande ou américaine: jobs précaires, jobs partiels forcés, salaires mensuels à 400 euros, multiplication des mini-jobs pour tenter d'avoir un salaire décent et j'en passe. En Allemagne, certes, la hausse de l'emploi est forte, mais les inégalités se sont creusées et 22,5 % des travailleurs salariés gagnent moins que le seuil de pauvreté. Est-ce cela que nous voulons?

 

La seconde méthode est respectueuse des travailleurs, des conditions salariales, de la cohésion et de la concertation sociale. Je vous le concède, elle n'est pas la plus facile à suivre et elle demande du courage politique. Il s'agit, bien entendu, des réductions collectives de temps de travail, de réduction des cotisations de sécurité sociale plutôt que celle des impôts des sociétés qui ne favorisent que les actionnaires; suppression des niches fiscales, et des avantages fiscaux tels que les voitures de société.

 

Je le sais, monsieur le ministre, le choix n'est pas simple, mais désirez-vous améliorer les statistiques au détriment des travailleurs et de leurs conditions de travail ou voulez-vous que les gens puissent avoir une vraie perspective d'avenir avec un vrai emploi, un vrai salaire et surtout, une vraie vie?

 

Dès lors, vous avez l'ambition de créer un plan d'emploi, mais quelle sera la voie que vous allez suivre? Quel sera le choix de votre gouvernement pour le bien-être des travailleurs? Choisirez-vous la méthode allemande et la régression sociale ou l'épanouissement des citoyens?

Réponse de Kris Peeters

Je me félicite d'entendre que tant la majorité que l'opposition appuient l'ambition de réaliser le plein emploi en 2025. Techniquement, cet objectif signifie un taux de chômage de 3%. Je déplore que Groen ne partage pas cette ambition. Ce parti évoque le taux d'activité, mais il s'agit d'un autre débat!

 

Je poursuis une ambition tout à fait réaliste. Il va de soi que des actions doivent encore être mises en place. Nous sommes partis d'un taux de chômage de 8,8 % en 2014. En 2016, nous avons atteint 7,2% et le Bureau fédéral du Plan prévoit une nouvelle baisse à 6,6 %.

 

Ce résultat a pu être obtenu grâce au gouvernement actuel. Avec des mesures  supplémentaires, nous devrions être en mesure de réaliser notre ambition d’ici 2025

 

Un total de 240 000 emplois devront venir s'ajouter aux 216 000 créés durant la législature actuelle. Cet objectif est réaliste si les gouvernements fédéral et régionaux et les partenaires sociaux unissent leurs efforts. Je regrette que certains dénigrent cette ambition et estiment qu'elle est irréaliste.

 

Au cours des prochaines semaines, je soumettrai de très nombreuses mesures au Conseil des ministres: une réduction des charges pour le secteur de la construction, le commerce électronique, le transport et la navigation fluviale, la lutte contre le dumping social, un cadre particulier pour le commerce électronique, la période d’essai et l’emploi des jeunes, les mystery calls et le renforcement de la diversité, la promotion de la formation en alternance, le travail des étudiants, les heures supplémentaires dans le secteur de l’horeca, le travail faisable, la lutte contre le burn-out et, enfin, la poursuite de la mise en œuvre du tax shift pour valoriser le travail. J’ai attendu les partenaires sociaux pour finaliser certains dossiers, mais il est temps à présent pour moi de prendre mes responsabilités.

Réplique d'Eric Massin

Monsieur le président, monsieur le ministre, tout parti politique a cette ambition. Mais ce n'est pas un problème de majorité et d'opposition comme vous le prétendez! C'est un choix de société. Vous faites le choix du flexi-job, de l'emploi précaire, et cela se voit aussi dans la lutte contre le dumping social. Vous êtes passé à côté d'une merveilleuse opportunité de faire vraiment quelque chose. On vous l'a dit! Nous avons déposé des amendements, nous avons été constructifs et vous êtes complètement passé à côté. Je crois que vous ne parviendrez pas, avec des slogans, à faire croire à la population que vous travaillez à son bien-être, à un emploi de sécurité, à un emploi permettant d'avoir un objectif dans la vie. Vous êtes, ici, purement et simplement dans le slogan. On vous reverra sur le contenu de vos actes!