Question de Daniel Senesael à Charles Michel, Premier ministre, sur la révision des objectifs climatiques de la Belgique

Monsieur le président, monsieur le premier ministre, en dénonçant l'Accord de Paris sur le climat, le président Trump a décidé de privilégier les profits à court terme de quelques industriels plutôt que de protéger l'environnement. Le président américain a préféré servir les intérêts de quelques donateurs du Parti républicain plutôt que ceux de l'ensemble des citoyens américains. Le président Trump a préféré choisir son camp, celui de l'argent sans conscience, destructeur des richesses collectives et du bien-être de l'humanité.

 

Face à cette folie obscurantiste de l'administration américaine, l'Europe, monsieur le premier ministre, doit se positionner fermement et la Belgique se doit d'être un bon élève. L'Europe doit montrer que lutter contre le réchauffement climatique est la seule option pour garantir le développement économique et social et la Belgique se doit d'en être le modèle.

 

C'est parce que le défi est exaltant qu'il faut cesser avec les discours défaitistes. D'après ses propos, Mme Marghem ne semble pas avoir compris cela. Elle voit toujours la lutte contre le réchauffement climatique comme une contrainte et non comme une opportunité pour la création d'emplois stables, durables et de qualité. Mardi, vous l'avez rappelée à l'ordre en lui demandant de s'engager enfin dans la défense d'une plus grande ambition pour le climat.

 

Monsieur le premier ministre, je sollicite auprès du gouvernement le passage aux actes. Quels sont les mesures concrètes à court et moyen termes que le gouvernement fédéral prendra pour le climat? Je pense au budget de la SNCB, au budget de la Mobilité qui permettrait aux travailleurs de renoncer à leur voiture de société sans perte de leur pouvoir d'achat. Ou encore, une transition énergétique pour sortir du nucléaire, développer les économies d'énergies renouvelables. Je vous remercie pour vos réponses, monsieur le premier ministre.

Réponse de Charles Michel

Monsieur le président, chers collègues, je voudrais d'emblée remercier l'ensemble des parlementaires. En effet, une fois n'est pas coutume: vous m'avez considérablement simplifié la tâche, puisque, pour à peu près chacun d'entre vous, les réponses étaient accordées en même temps que les questions étaient posées.

 

Je confirme donc ce qui a été dit la semaine passée, et aussi par plusieurs d'entre vous. Premièrement, nous sommes totalement mobilisés, avec nos partenaires européens, pour faire en sorte que l'Accord de Paris soit implémenté. Depuis la semaine passée, j'ai multiplié les rencontres. J'ai rencontré le premier ministre chinois, en marge des Journées européennes du Développement pour placer ce point tout haut des priorités politiques. Je veux qu'il ne subsiste pas le moindre doute, pas la moindre ambiguïté sur ce premier point.

 

Deuxième point extrêmement important: dans le contexte européen, des concertations régulières visent à mettre ces accords en oeuvre. Régulièrement, tout au long des prochains mois et des prochaines années, les ministres concernés devront débattre de l'implémentation opérationnelle de cet accord. Nous devrons examiner concrètement les actes posés, sur le plan européen et sur le plan national, pour traduire ces engagements.

Les objectifs sont ambitieux et nul n'ignore que les efforts à fournir sont énormes. Nous sommes particulièrement actifs à l'échelon fédéral, par exemple, avec le pacte d'investissement. Nous ouvrirons la discussion à ce sujet dans quelques jours.

 

La mobilité et la transition énergétique jouent un rôle très important pour la question climatique.

 

En outre, en ce qui concerne l'offshore éolien, nous tentons de progresser et de fixer un cadre le plus stable possible pour assumer notre rôle de booster en faveur d'énergies non fossiles.

 

Pour le gouvernement fédéral et pour les entités fédérées, 2017 doit être une année très importante pour mettre en place un pacte énergétique. Le gouvernement fédéral mettra tout en œuvre pour engranger des résultats qui nous permettent d'atteindre les objectifs fixés.

Réplique de Daniel Senesael

Monsieur le premier ministre, je vous remercie d'à nouveau nous confirmer votre enthousiasme. Mais, à ce que je sache, Mme Marghem n'a pas été désignée au sein de votre gouvernement comme ministre de l'Industrie des années 50. Il nous faut plutôt une véritable ministre de l'Environnement et du Climat ayant les deux pieds dans le troisième millénaire et des convictions communicatives pour un véritable pacte énergétique.

 

La dérégulation prônée dans l'économie n'a pas sa place au niveau environnemental car la main invisible des marchés n'est pas plus verte qu'elle n'est sociale, qu'elle n'est égalitaire ou qu'elle n'est juste. Alors que la phrase de Murray Bookchin, selon laquelle nous sommes condamnés "à faire l'impossible pour ne pas devoir faire face à l'impensable" résonne avec toujours plus de pertinence, nous n'avons plus, monsieur le premier ministre, le droit de tergiverser. Nous n'avons plus de temps. Nous n'avons plus de ressources à gaspiller. C'est pourquoi la trumpérisation ou le court-termisme affiché nous conduira dans le mur.