Il aura à peine fallu deux ans à la N-VA pour démanteler la politique scientifique belge : la suppression du Service public fédéral de programmation Politique scientifique – BELSPO – sera à l’ordre du jour du Conseil des ministres de ce jeudi.
BELSPO, ce sont quelque 3.000 agents, souvent de très haut niveau, quelque 500 millions d'euros de budget annuel, 10 Établissements scientifiques fédéraux, la gestion de la participation belge à l'Agence Spatiale Européenne (ESA), des programmes de recherche, la coordination interfédérale et internationale de l'effort belge de recherche,...
Interrogée par le député PS Jean-Marc Delizée ce mardi en commission Économie, la secrétaire d’État Elke Sleurs n’a pas démenti que la suppression de Belspo serait en effet entérinée par l’équipe de Charles Michel ce jeudi.
Pour Jean-Marc Delizée, les derniers masques tombent : « alors que Philippe Mettens se voit reconduit par le Conseil d’État dans ses fonctions à la tête de BELSPO, le gouvernement se met in extremis aux ordres de la N-VA et pratique la politique de la terre brûlée en supprimant purement et simplement BELSPO ! Le parti nationaliste aura ainsi réussi à mettre en œuvre - avec la complicité du MR et de son Premier Ministre - ce que nous dénonçons depuis des mois : le démantèlement de notre politique scientifique fédérale ! »
La suppression de BELSPO, l’administration centrale de la politique scientifique fédérale, c’est en effet tout l’inverse de la « goed bestuur » prônée par le gouvernement Michel : elle morcèle et déstructure un département cohérent, supprime les synergies entre les missions et supprime d'importants effets d'échelle au niveau des services d'appui aujourd'hui mutualisés (personnel et organisation, budget et contrôle de gestion, ICT, juridique, logistique…).
« Au-delà des conflits de personnes, les manigances de Madame Sleurs sont indignes de l’excellence de la recherche belge. Non contente de déstructurer tout un département, Madame Sleurs poursuit son entreprise de sape, avec la création d’une agence spatiale interfédérale, qui conduira de facto à la défédéralisation d'une compétence, le spatial, qui est par nature nationale et dont la gestion par BELSPO a toujours été vantée par les industriels » précise Jean-Marc Delizée qui dénonce la volonté de Madame Sleurs d’essayer de faire monter en puissance la région flamande.
Pour le Groupe PS, en créant cette usine à gaz que constituera l'Agence spatiale interfédérale, Mme Sleurs met en danger l'excellence d'un secteur, excellence qui a été patiemment construite depuis des décennies en collaboration avec les industriels et les scientifiques du secteur, et qui a fait de la Belgique un acteur majeur du spatial. Cette nouvelle structure alourdira le mécanisme décisionnel alors que le système actuel est estimé par tous pour sa souplesse et son efficacité. Des montants considérables seront en outre distraits aux programmes spatiaux eux-mêmes en raison de l'explosion des frais de gestion.